Forgez-vous un mental d’acier
Vous avez le geste technique en tête, vous vous sentez prêt à affronter ce passage qui vous effraie depuis des mois. Pourtant, votre cerveau vous inonde d’informations qui vous dissuadent de passer à l’action. Alors, comment faire le vide pour réussir ce saut qui vous fait peur ? Comment renforcer votre mental ?

Qu’est-ce que la préparation et la visualisation mentale ? Pour répondre à ces questions, j’ai contacté Louis Martin, coach mental à Gap, qui a accepté de se prêter au jeu des questions-réponses afin de vous aider à mieux comprendre et à développer votre mental.
Salut Louis, je suis ravi de t’accueillir sur Singletracks-MTB ! Peux-tu nous parler un peu de ton parcours professionnel ?
Salut Max,
Bien sûr ! J’ai d’abord suivi une licence STAPS, puis un début de master à Gap (Hautes-Alpes) et Chambéry (Savoie). Ensuite, je me suis orienté vers une formation en hypnose d’accompagnement à visée thérapeutique. Très vite, j’ai constaté les passerelles possibles entre la préparation mentale, mes connaissances en STAPS et mes compétences en hypnose, notamment dans le domaine sportif.
J’ai donc rapidement complété ma formation en accompagnement mental des sportifs, en intégrant l’hypnose comme un outil supplémentaire. Depuis cinq ans, j’accompagne des athlètes issus de disciplines variées, aussi bien en sports collectifs qu’individuels. Ayant une passion personnelle pour les sports outdoor (escalade, trail, VTT, ski, alpinisme…), je travaille particulièrement avec des sportifs évoluant dans ces disciplines.

Pour moi, la formation est un processus continu. Il faut toujours chercher, lire, apprendre et se tenir informé des dernières études sur le fonctionnement du cerveau afin de mieux appréhender les problématiques des sportifs. Mettre du sens dans les difficultés rencontrées et dans les solutions possibles est essentiel. La compréhension du cerveau me passionne autant que le sport.
Quelle est la filière à suivre pour devenir préparateur ou coach mental ? Quelles sont les compétences et qualités requises pour ce métier encore méconnu du grand public ?
Il existe plusieurs chemins pour devenir préparateur mental. La filière universitaire est une option, avec STAPS qui propose, dans certaines universités, des masters spécialisés en préparation mentale. Il existe également de nombreuses formations privées, mais elles ne sont pas toutes de qualité. Il faut être curieux et bien se renseigner pour choisir la formation qui correspond le mieux à ses attentes.
En termes de compétences et de qualités, je dirais que la curiosité et la rigueur sont essentielles. Le domaine de la préparation mentale évolue sans cesse : ce qui est vrai aujourd’hui pourrait être obsolète demain. Il est donc indispensable de continuer à se documenter et à approfondir ses connaissances.

L’empathie et le non-jugement sont également fondamentaux. Un athlète doit pouvoir se confier sans crainte d’être jugé. Mon rôle est de l’accompagner là où il en est, pour construire avec lui un plan de progression adapté et sur-mesure.
Comment s’organisent tes séances avec les sportifs ? Comment définis-tu les objectifs à travailler ?
Je commence toujours par un premier entretien, en présentiel ou en visioconférence, qui est gratuit et sans engagement. Cela me permet de mieux comprendre les besoins du sportif, d’expliquer ma méthode et de poser un cadre. Si nous décidons de poursuivre, nous établissons un contrat sur une durée variable (de trois à six mois renouvelables).
Je travaille beaucoup en visioconférence, notamment avec les sportifs éloignés de Gap ou en déplacement pour des compétitions internationales. Sinon, les séances se déroulent soit dans mon cabinet, soit directement sur le terrain, en fonction des besoins et des problématiques du sportif. Travailler en conditions réelles permet d’aller au-delà de la simple théorie.
Les objectifs sont définis de manière méthodique avec l’athlète pour éviter de se disperser. Je propose régulièrement des auto-évaluations afin de mesurer les progrès et d’ajuster notre travail.
Quels types de pratiquants accompagnes-tu le plus ? Quelles sont les demandes les plus fréquentes ?
J’accompagne des sportifs de tous niveaux, du débutant à l’athlète olympique. La majorité de mes clients sont des amateurs expérimentés ou des semi-pros et pros, mais il m’arrive aussi de travailler avec des débutants souhaitant progresser.
Les demandes les plus courantes concernent la gestion du stress et des émotions, qui peuvent entraîner des blocages comme la perte de confiance en soi, le manque de lucidité, l’anticipation négative ou encore l’auto-sabotage.
Beaucoup de pratiquants parlent de préparation mentale sans réellement savoir comment la travailler. Peux-tu nous en dire plus sur cette discipline ?
C’est un vrai problème aujourd’hui. Tout le monde parle de mental, mais peu savent réellement comment le travailler. On entend souvent que « le mental, c’est 70 % de la performance », mais on ne sait pas comment l’améliorer concrètement.
En réalité, la préparation mentale demande de l’engagement et une certaine rigueur. Aujourd’hui, je fais plus de « réparation mentale » que de préparation. En préparation physique, un sportif cherche à optimiser ses performances avant d’être blessé. En préparation mentale, c’est souvent l’inverse : les sportifs viennent me voir quand ils ont déjà un problème. L’idéal serait d’anticiper et de travailler le mental avant d’être en difficulté.
En VTT, la gestion de la peur et du stress est essentielle. Quelles techniques utilises-tu pour aider les riders à surmonter ces blocages ?
Notre imagination peut être un formidable outil… ou un véritable frein. Notre cerveau fonctionne par prédictions basées sur nos expériences passées. Parfois, ces prédictions sont erronées et créent des blocages.
Un bon exercice consiste à porter son attention sur le moment présent. Si mon focus est sur l’instant, mon imagination suit. Une autre technique efficace est de diviser une descente en plusieurs sections, comme les chapitres d’un livre. Cela permet d’aborder chaque passage plus sereinement.

L’objectif n’est pas d’éliminer la peur, mais de la gérer. Un certain niveau de stress est bénéfique : il permet d’être alerte et réactif. Trop de stress, en revanche, peut entraîner de la rigidité et nuire à la performance.
Comment reprendre confiance après une chute ou un échec ?
D’abord, il est important de comprendre qu’une chute ne signifie pas un échec, mais fait partie du processus d’apprentissage. Se conditionner à penser que « tomber = échec = peur » crée un blocage.
Une approche efficace consiste à rouler sur des pistes moins engagées pour retrouver de la fluidité et du plaisir. Ensuite, la visualisation mentale est un outil clé : en s’imaginant réussir un passage, on entraîne son cerveau à envisager des scénarios positifs plutôt que de rester focalisé sur l’échec.
Comment faire le vide et dompter la peur de l’échec ?
La peur de l’échec est naturelle, et elle peut même être un atout si elle est bien gérée. Le problème, c’est quand elle prend trop de place et nous paralyse. L’idée est de réorienter son attention vers ce que l’on veut réussir plutôt que sur ce que l’on veut éviter.
Différentes techniques permettent d’apaiser l’esprit, comme la respiration ou la concentration sur des sensations corporelles. Mais l’essentiel est de comprendre que la peur ne se domine pas, elle s’apprivoise. Plutôt que de la combattre, il faut apprendre à composer avec elle.
La visualisation mentale est de plus en plus utilisée dans le sport. Quels sont ses bienfaits ?
La visualisation est une technique extrêmement puissante. Des études montrent que lorsque nous visualisons une action, certaines zones du cerveau responsables du mouvement s’activent comme si nous étions réellement en train d’exécuter le geste.

Cela améliore la coordination, la rapidité d’exécution et le timing. Elle joue aussi un rôle essentiel sur le plan émotionnel : en visualisant une situation de réussite, on renforce la confiance en soi et on apaise ses peurs.
Un dernier mot pour conclure ?
Le mental est un élément clé, que ce soit dans le sport ou dans la vie. Il ne tient qu’à nous d’en faire un atout plutôt qu’un frein. Et surtout, il s’entraîne comme un muscle ! Alors arrêtons d’en parler et passons à l’action !
Plus d’informations :
Un grand merci a Louis pour cette interview, d’ici quelques semaines, je retrouverais Louis pour un entretien en visio conférence ou nous aborderons plus en détails la préparation mental restez connectés.
Crédits photos : Louis martin, L’équipe.fr
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