
Dans les coulisses de Sobre Bike : L’interview de Laurent, l’homme derrière la marque
Le marché du VTT est une effervescence constante de nouvelles normes, de matériaux composites et d’innovations. Pourtant, au milieu de ce tumulte, des marques comme Sobre Bike tracent une voie différente, fondée sur une conviction profonde : la performance et le plaisir ne sont pas qu’une affaire de technologie de pointe. Au cœur de cette vision, on retrouve un matériau noble, l’acier, et un homme, Laurent, son fondateur.
Qui de mieux placé pour parler de géométrie, de la pertinence de l’endurigide en 2025, et des défis d’une marque à taille humaine ? Nous avons eu l’opportunité unique d’échanger par mail avec celui qui, depuis 2008, façonne l’identité de Sobre. Cet entretien exclusif est une plongée rare dans l’esprit d’un concepteur qui a fait de la simplicité raisonnée sa plus grande force. Une lecture essentielle pour tous ceux qui pensent que l’âme d’un vélo est plus importante que la somme de ses composants.
La Philosophie Sobre et le choix de l’Acier
Le nom « Sobre » est un manifeste en soi. Au-delà de l’esthétique épurée, que signifie la sobriété pour vous dans un monde du VTT souvent marqué par la surenchère technologique ?
L’idée de la sobriété est celle qui consiste à dire qu’un semi rigide, avec une géométrie cohérente, permet de s’amuser sans dépenser des fortunes. J’apprécie la technologie dans le vélo mais parfois celle-ci ne rend pas forcément le vélo plus efficace ou plus plaisant à piloter.
Est-ce une approche que vous appliquez uniquement à vos vélos, ou est-ce une philosophie de vie plus globale ?
Nous vivons dans un monde où la consommation est omniprésente , dire que j’applique cette sobriété dans tous mes choix serait faux et prétentieux ; j’essaie par contre le plus souvent de me demander si ce que je souhaite ,en tant que consommateur, est vraiment nécessaire.

Quand j’achète par exemple un smartphone ou un véhicule, je tente de faire un choix raisonné, le plus important est d’avoir un modèle qui réponde à mes besoins de base , la quête du dernier modèle ou de la dernière technologie n’est pas un but.
Vous avez misé sur l’acier bien avant son retour en grâce. À l’époque, n’était-ce pas un pari risqué ? Qu’est-ce qui a motivé cette conviction profonde dans les qualités de ce matériau ?
J’ai toujours aimé les vélos en acier , peut-être car lorsque j’ai commencé le Vtt en 1990, ce matériau était omniprésent . Il y avait bien sûr déjà de l’offre en aluminium avec Cannondale par exemple, mais la finesse des tubes en acier a toujours eu ma préférence , cela ne s’explique pas. Lancer en 2008 une marque de cadres en acier était sans doute risqué vu de l’extérieur, mais j’ai toujours su que ce matériau permettait une grande latitude dans le type de vélo que l’on souhaite.
Avec l’acier on peut jouer sur les épaisseurs et les sections de tubes, pour donner au vélo le caractère que l’on souhaite ; on garde aussi la liberté de définir la géométrie , la structure étant soudée et non liée à un moule. En 2006 ,quand nous évoquions avec Eric , mon associé de l’époque , quel serait le matériau idéal pour faire un Vtt , l’acier s’est imposé comme une évidence. L’acier n’est pas le matériau d’un vélo , on peut le décliner sur la route , en gravel ou en Vtt . Cette richesse dans le choix laissé aux concepteurs est un véritable atout .
Comment expliquez-vous que l’acier, un matériau « ancestral », continue de séduire et de performer face aux composites modernes ? Est-ce une question de sensations, de durabilité, d’esthétique ?
Si on se réfère à son ancienneté, l’acier est effectivement ancestral ; mais je n’aime pas ce terme dont la connotation peut être dévalorisante. Depuis le début du Vtt il y a toujours eu des recherches et des évolutions au niveau des aciers proposés. Une marque comme Reynolds a un catalogue extrêmement riche en termes de choix de tubes et de qualités d’acier.
Quand les VTT en aluminium sont apparus, les marques ont mis en avant la rigidité et le poids plus faible. La rigidité des cadres en aluminium n’est pas à la base un but en soi , elle est liée au fait que l’aluminium n’offre pas la même résistance à la fatigue que l’acier. L’aluminium est un matériau moins rigide et moins résistant que l’acier ; pour que la structure soit durable il est nécessaire d’augmenter le diamètre des tubes afin de limiter leur flexion et la fatigue de l’ensemble.




Si un cadre en alu était conçu avec les mêmes sections qu’un cadre en acier, il serait extrêmement souple , très confortable, mais avec une durée de vie limitée. L’acier est durable car il est solide,rigide et résiste bien à la fatigue ; voilà pourquoi il surpasse l’alu dans ces domaines. En contrepartie il est plus lourd que l’alu et le carbone , c’est vrai , mais avec le temps les pratiquants ont compris que le gain de poids n’était pas forcément synonyme de performances accrues.
Il y a aussi le critère financier , l’acier permet de faire des structures durables , performantes, pour un prix moindre que le carbone. Pour un budget donné , dans le cas d’un montage à la carte , quand on économise plusieurs centaines d’euros sur le cadre, on se laisse plus de latitude dans le choix de composants plus qualitatifs( surtout les roues ). Au final , de par son prix moindre , l’acier permet de se monter un vélo performant et compétitif par rapport au composite.
La Conception et l’ADN de la Gamme
Dad, Off, Multi, Versatile… Chaque vélo a son propre programme, mais on sent un air de famille. Quel est le fil conducteur, l’ADN commun, qui lie tous les modèles Sobre au-delà de leur cadre en acier ?
Il y a une question centrale dans la conception de chaque cadre , pouvoir avoir le maximum de polyvalence dans son segment . Le fait de se dire que l’on peut tout faire avec son vélo est une idée qui me tient vraiment à coeur . Même avec 100mm de débattement on peut aller en montagne et se faire plaisir , tout dépend de ce que l’on recherche. Cette volonté de polyvalence est à la base du Gravel , un vélo avec lequel on est moins limité dans sa pratique ou son terrain . C’est ce qui fait aussi son succès à mon sens.



D’où vient l’inspiration pour faire évoluer un modèle existant ? Est-ce une demande du terrain, l’arrivée d’un nouveau standard, une intuition personnelle ? Pourriez-vous nous guider à travers les étapes de la refonte d’un cadre ?
Il est nécessaire de rester attentif aux demandes des consommateurs , c’est une évidence, mais il est important de garder une ligne directrice . Celle ci peut être guidée par des choix économiques ou purement personnels. Par exemple, concernant le Versatile , celui-ci accepte aujourd’hui du 50mm , en réponse à une demande de plus en plus pressante des clients de pouvoir mettre plus gros en Gravel .
Ce n’était pas forcément mon idée de départ ,où j’estimais que 45mm était une largeur permettant un usage polyvalent. Mais il est important d’écouter certaines demandes et de s’adapter à celles ci.
Il est aussi nécessaire de s’adapter à certains standards, faute de quoi le matériel proposé ne serait plus compatible avec le cadre, mais ceci est le lot de toutes les marques. Après, il y a dans l’évolution des modèles, pas mal de choix personnels , liés à mes essais de matériel ou de protos pour valider des choix géométriques.


Il me semble primordial , en tant que concepteur , de continuer à rouler et d’essayer différentes configurations pour sentir les différences sur le terrain, et ainsi de choisir les évolutions à apporter aux différents cadres. C’est aussi ce qui est gratifiant et motivant .
Les Modèles Emblématiques
Le Dad est sans doute l’un de vos modèles les plus connus, un 29 pouces qui a traversé les années. Quelle est sa recette secrète pour rester une référence en matière de hardtail polyvalent ?
Je pense que sa géométrie s’est bien adaptée à l’évolution de la pratique , au matériel proposé et aux aspirations des clients. Il est aussi un reflet de la philosophie de SOBRE , faire évoluer ses produits sans chercher le changement à tout prix mais lorsque cela est nécessaire. Son positionnement tarifaire est aussi resté bien placé par rapport à la concurrence au fil des années .
On le voit souvent dans des montages très variés, du XC au trail engagé. Avez-vous été parfois surpris par la façon dont les cyclistes s’approprient et montent leur Dad ?
Il y a effectivement des montages très différents , du tout rigide light à des versions montées pour un usage plus engagé. Cette variété dans les montages est le meilleur exemple de la polyvalence que peut offrir un hardtail. Le montage à la carte offre cet avantage de choisir ses composants selon sa pratique et ses préférences , je ne suis donc pas surpris que cette diversité de profils se retrouve dans les montages.

Le Multi incarne cette idée de VTT « à tout faire ». Quelle place occupe-t-il aujourd’hui dans la gamme face à des modèles plus spécialisés ? Est-il le couteau suisse par excellence ?
Le Multi est un modèle primordial car il reste compatible avec des fourches en 100mm, débattement que l’on considère souvent comme faible aujourd’hui, tant la tendance est à l’augmentation dans ce domaine au fil des ans. Mais pour beaucoup de pratiquants cette quête du toujours plus n’est pas forcément nécessaire car leur terrain de jeu n’impose pas une fourche en 150mm pour se faire plaisir .
La notion du “qui peut le plus peut le moins a ses limites”, le plus important est un débattement adapté à sa pratique pour avoir le meilleur compromis plaisir / efficacité.
Comment la définition de la « polyvalence » a-t-elle évolué depuis le premier Multi jusqu’à la version actuelle ?
Le 29 pouces a permis de mettre en avant le semi rigide , aujourd’hui je ne pourrai plus rouler sur un 26 pouces , tant le 29 est supérieur en tous points . Les grandes roues ont permis une polyvalence accrue du semi rigide , en parallèle avec l’évolution de la géométrie. Il y a toujours des aficionados du 26 pouces mais je ne connais personne dans mon entourage qui soit revenu au 26 après avoir essayé le 29. Pour moi , le passage aux grandes roues a été, sur les 15 dernières années, la plus grande avancée pour le semi rigide.



Le Marché, les Tendances et la Place de l’Endurigide
En 2025, les vélos tout-suspendus d’enduro sont plus performants que jamais. Quelle est, selon vous, la pertinence et la place de l’endurigide, comme votre modèle Off, dans le paysage VTT actuel ? N’est ce pas une catégorie de puristes ?
L’endurigide restera toujours une niche , sans que cela soit un problème à mes yeux . La compétition est ancrée dans notre société, et en compétition tout le monde sait qu’un tout suspendu peut aller plus vite. Mais pour d’autres, le plaisir n’est pas lié à une notion de chrono mais à celle du pilotage et des sensations ressenties. Cette clientèle existera toujours , même si elle n’est pas majoritaire.

L’endurigide est souvent perçu comme un « vélo-école », excellent pour la technique de pilotage, mais aussi comme une machine à sensations pures. Dans votre vision, cette pratique doit-elle chercher à rivaliser avec le chrono ou avant tout à maximiser le plaisir et l’engagement du pilote ?
Je dirai de manière générale que c’est le semi rigide qui est une bonne école de pilotage ; on apprend à plus utiliser son corps pour amortir les chocs et à mieux se positionner sur le vélo , et ce , quel que soit le débattement de la fourche . Pour le chrono, ce n’est pas à mon avis une quête de la clientèle SOBRE , tout comme celle des partisans de l’endurigide de manière générale . Je ne pense pas que l’endurigide soit forcément lié à un engagement supérieur, il est juste différent; une bonne technique permet justement de moins se mettre en danger et de mieux maîtriser sa vitesse.


On voit les géométries s’allonger et s’ouvrir constamment. Jusqu’où peut-on aller sur un semi-rigide sans dénaturer le pilotage et l’équilibre du vélo ? Y a-t-il une limite à ne pas franchir pour qu’un hardtail reste un hardtail ?
Il y a une limite au niveau du reach , on atteint aujourd’hui un maximum qu’il est difficile de dépasser car on perturberait trop l’équilibre sur le vélo ; il est primordial que le reach soit en adéquation avec la taille du pilote. Pour compenser l’allongement du reach et garder une bonne répartition des masses du pilote entre les roues, la taille des potences a inversement diminué.
Mais là aussi, aujourd’hui on ne peut plus réduire la taille de celles- ci. Après il y a la question du débattement , pour moi 150mm constitue un maximum pour garder une polyvalence d’usage. Avec des fourches plus hautes on a un transfert des masses plus important et un déséquilibre accentué entre l’avant et l’arrière. Au delà d’un certain seuil on ne gagne pas forcément en efficacité avec plus de débattement sur un semi rigide. L’essentiel reste quand même d’avoir un débattement en accord avec la géométrie de base du cadre.



Votre modèle Off incarne cette pratique. Comment imaginez-vous son évolution ? Pensez-vous à des adaptations pour les formats de roues « mullet » (29/27.5), à l’utilisation de nouveaux standards de fourches, ou à des aciers encore plus spécifiques ?
Les fourches vont continuer à évoluer , surtout dans le domaine de l’efficacité . Il y a eu beaucoup de progrès dans la capacité d’amortissement de celles ci sur les 10 dernières années, les fourches encaissent plus tout en ayant un meilleur soutien hydraulique. Il suffit de faire le test, à débattement équivalent, entre un modèle actuel et un modèle d’il y a 10 ans ( une Rockshox Pike par exemple ).
C’est aussi une raison qui me fait dire que les progrès des fourches permettent de limiter le débattement sans sacrifier l’efficacité. Le Mullet est une solution intéressante , j’ai roulé pas mal de temps avec mon Off dans cette configuration ( 27,5×2,6 / 29 x 2,4 ) . J’ai trouvé un vélo plus facile à appréhender que le tout 29 dans pas mal de situations . Là aussi, tout dépend du terrain de jeu et du niveau du pratiquant ,mais le Mullet n’est pas restrictif et il procure une bonne dose de fun.
La Communauté et le Modèle Économique
Au fil des ans, vous avez dû voir se dessiner un profil type de vos clients. Comment décririez-vous la communauté Sobre ? Y a-t-il un état d’esprit commun qui relie les possesseurs de vos vélos ?
Au départ , SOBRE touchait en majorité des connaisseurs de l’acier ; avec le temps la communauté s’est élargie , aujourd’hui certains clients envisagent dès le départ l’acier comme un choix alternatif au composite. La mentalité a évolué au fil des ans ; je dirai que le trait commun aux possesseurs de SOBRE est une curiosité positive , beaucoup franchissent le pas sans avoir d’a priori négatifs sur le matériau.
Ils veulent tester , ils savent que l’acier est plus lourd que le composite mais ne se focalisent pas sur ce seul critère. SOBRE s’adresse aussi à des gens qui sont plus connaisseurs quant au matériel proposé sur le marché ( rien de péjoratif dans mes propos ) ; c’est normal dans le sens où je ne vends que le cadre nu , je m’adresse forcément à des personnes qui envisagent le montage à la carte et qui se renseignent davantage pour réaliser leur montage.


Vous avez historiquement privilégié la vente directe. Qu’est-ce que ce lien direct avec le client final vous apporte ?
Depuis le départ il y a eu la vente directe, mais aussi la possibilité de passer par des revendeurs physiques, avec un constat simple , tout le monde n’a pas l’envie ou les compétences pour se monter un vélo. Les magasins permettent à tous ceux qui veulent un SOBRE de ne pas se soucier de cette partie ‘montage’ ,qui peut en rebuter certains.
Cet équilibre entre la vente physique et la vente en ligne perdure depuis les débuts et est primordial pour qu’une petite marque soit visible et puisse durer dans le temps. En contrepartie , la vente directe permet un échange direct avec le client , un aspect du travail que j’apprécie tout particulièrement . J’y prodigue des conseils, mais j’apprends aussi du retour des clients , de par la multitude des montages rencontrés. J’ai la chance de pouvoir tester pas mal de matos mais bien entendu , étant seul , cela a ses limites. Confronter ses idées aux autres est toujours enrichissant.
Face à la conjoncture économique actuelle, quels sont les plus grands défis pour une marque comme la vôtre en 2025 ?
La difficulté est et reste toujours la même , réussir à faire en sorte que le cahier des charges lors de la conception du vélo, permette de rester compétitif au niveau du prix cible. Je vais prendre un exemple très simple pour illustrer cela , tous les cadres Vtt sont équipés d’une patte de frein en IS et non en postmount ; on me demande parfois pourquoi ne pas passer à du post mount. Ma réponse est invariable , une patte PM peut coûter jusqu’à 5x plus cher qu’une patte IS et n’améliore pas au final la fonction de freinage.
Dépenser 5 fois plus sur cette pièce aurait forcément des répercussions sur le prix final du cadre ou obligerait à faire des concessions ailleurs. C’est là toute la difficulté d’une petite marque qui a forcément moins de moyens , rester compétitif oblige à faire des choix de raison. Idem pour les pattes arrières en 12mm utilisées depuis près de 15 ans sur les cadres VTT de la gamme. Cette patte est libre de droit mais c’est Eric et moi qui en sommes les concepteurs ; l’idée de départ était simple , avoir une patte qui, par simple rotation permettait de passer de gauche à droite, et donc n’avoir qu’un seul moule .

Le coût pour qu’elle soit propriété intégrale de SOBRE était trop élevé en investissement de base ; nous avons donc accepté que les plans soient utilisables par une société spécialisée à Taiwan dans le domaine des pattes de cadre. Aujourd’hui encore, celle-ci est une des moins chères du marché pour tous ceux qui cherchent un modèle libre de droit en 12mm.
C’est une question incontournable : le VTT à assistance électrique est partout. Votre marque est synonyme de simplicité et d’effort. L’électrique est-il fondamentalement incompatible avec l’ADN de Sobre, ou pourrait-on imaginer un VAE « à la Sobre » ?
Je pense qu’effectivement le VAE n’est pas dans l’ADN de SOBRE, ce marché est aujourd’hui incontournable mais la question à se poser est qu’apporterait SOBRE sur ce segment ? La clientèle n’est pas la même ( là aussi cela n’a rien péjoratif ) et il y a sur le marché des marques qui font de très bons modèles en électrique. Je ne crois pas à un marché du VAE basé sur le montage à la carte , ce qui est l’essence même d’une marque comme SOBRE.
Vision Personnelle, Avenir et Conclusion
Projetons-nous dans 10 ans. Quel serait le scénario idéal pour le futur de Sobre Bike ? Une croissance mesurée, une expansion internationale, le développement de nouvelles gammes (urbain, voyage) ?
Question difficile , je ne suis pas quelqu’un qui se projette facilement , cela peut sembler paradoxal car on est obligé d’anticiper dans ce métier si l’on veut rester en phase avec le marché . Je sais juste que rien n’est acquis et qu’il est nécessaire de rester humble, car au final ce sont toujours les clients qui décident. L’idéal serait de pouvoir toujours rester, à mon échelle , un acteur dans le milieu du vélo , en continuant à être curieux et vouloir tester de nouvelles choses.





Aujourd’hui, quelle place occupe la pratique personnelle du VTT dans votre emploi du temps ? Est-ce encore une passion, un outil de travail, une nécessité pour déconnecter ?
Le jour où la passion du Vtt , et plus généralement du vélo, aura disparu, je pense qu’il sera temps d’arrêter. Je n’arrive pas à me dire qu’il soit possible de perdurer en étant seul aux commandes si l’envie n’est plus là et si je ne parviens plus à m’émerveiller avec des yeux d’enfants. Donc je roule toujours par plaisir, mais aussi car cela me semble primordial dans mon rôle de concepteur. Sans cela, je serai vite déconnecté de la réalité.
Quel est le souvenir à vélo qui vous a le plus marqué, celui qui vous rappelle pourquoi vous faites ce métier ?
Compliqué de ne retenir qu’un seul souvenir marquant , tant il y en a eu depuis 17 ans. Je dirai que le 1er test d’un de mes cadres dans la presse spécialisée reste un événement marquant quand je regarde dans le rétroviseur. Se dire qu’on fait partie , à son niveau, de ce monde du VTT qui nous passionne, constitue toujours une motivation importante.
C’est une question difficile, mais si vous ne deviez garder qu’un seul vélo de votre gamme actuelle pour rouler jusqu’à la fin de vos jours, lequel choisiriez-vous et sur quels sentiers l’emmèneriez-vous ?
Ce serait sans doute un Multi en 110mm de débattement avec une tige télescopique en 150mm de débattement ,que j’emmènerai partout en fonction de la monte pneumatique choisie, et ce , pour un usage sportif ou plus détente. Un vélo Multi usages qui porte bien son nom.
Pour conclure, quel conseil, fruit de votre expérience, donneriez-vous à un jeune passionné qui rêve de créer sa propre marque de vélos ?
Je dirai que la passion est nécessaire mais qu’elle ne suffit pas , il faut croire en ses idées de départ , tout en étant capable de les remettre en cause et d’accepter que l’on puisse se tromper. Rien n’est jamais acquis.
Y a-t-il un sujet que nous n’avons pas abordé ou un message que vous souhaiteriez partager avec la communauté des cyclistes ?
Je pense qu’on a fait le tour de l’essentiel , merci pour cet échange ! Laurent
En refermant le fichier de cette interview, on se dit que certains discours font simplement du bien. Loin du langage policé des grandes corporations, la parole de Laurent est celle de l’artisan-philosophe : précise, pragmatique et profondément authentique. De la justification d’une patte de frein IS à sa vision de l’endurigide, chaque mot est pesé et témoigne d’une passion intacte pour le « beau geste », tant dans la conception que sur le terrain.
Un immense merci à Laurent pour le temps précieux qu’il nous a accordé et pour avoir partagé avec une telle clarté la vision qui anime Sobre Bike depuis ses débuts. Dans un monde en quête de sens, il démontre que la pertinence ne se mesure pas en millimètres de débattement ou en grammes gagnés, mais en caractère et en intégrité. Sobre Bike ne se contente pas de fabriquer des cadres ; la marque forge des convictions. À une époque de surenchère, c’est peut-être ça, le véritable luxe.
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Crédits photos : Sobre Bikes
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